Les noms que nous les Hommes donnons à Dieu ne changent en rien ce qu’il est par essence. Voyez-vous, je m’appelle Serge Panogobnean NABYOURE. Je vis actuellement à Taiwan ou je suis connu sous le nom de 尤勝邦 (YOU Sheng Bang). Ma famille et la plupart de mes amis m’appelle Serge. Une des mes sœurs m’appelle Sè ; un de mes amis m’appelle NAB et d’autres encore m’appellent Parent Black ; ma grand-mère, paix a son âme, m’appelait Panogobnean ; mon meilleur ami m’appelle Couz et ma copine m’appelle Chéri ou Bébé. Autant de dénominations différentes référant a une même personne, une même réalité : moi. Les noms par lesquels je suis appelé ou référé ne change en rien a qui je suis et mieux encore, ne sont pas qui je suis. Je ne suis pas plus Serge que je ne suis Panogobnean ou un de ces multiples dénominations. Je suis moi. Point à ligne. Il en va de même pour Dieu. Il n’est pas plus Yahvé qu’il n’est Jésus ou Allah ou toute autre dénomination humaine. Il est Dieu, point à la ligne.
De même, notre connaissance ou notre expérience du divin ne saurait comprendre ou représenter la plénitude de ce que Dieu est en réalité. Les membres famille me connaissent depuis que je suis ne. Ils m’ont vu naitre, faire une bonne partie de mes « premières fois », grandir. Est-ce pour autant qu’ils peuvent revendiquer le monopole de la connaissance ou pour reprendre le terme, de la révélation de qui je suis ? N’y a-t-il pas des facettes de ma personne que mes amis connaissent plus de moi que ma famille ? N’y a-t-il pas des détails me concernant que ma copine ou mes exs seraient plus expertes que ne l’est ma famille ou mes amis ? Ou encore mieux, n’y a-t-il pas des parties du mystère que je suis en tant qu’être humain qu’un simple inconnu saurait percer dans le cours d’une simple rencontre que ni ma famille, ni mes amis, ni ma copine ou ni moi-même n’aurait jamais eu la moindre idée ? Pourquoi mon ouverture à autrui, autrement dit, pourquoi mon invitation à autrui à découvrir avec moi le mystère que je suis lui donnerait-il le monopole ou l’exclusivité de la connaissance de qui je suis ? Pourquoi la révélation, prise dans le sens religieux, revêtirait une particularité toute différente ? Quelle religion peut vraiment se prévaloir de connaitre Dieu dans sa totalité ? De quel principe émane-t-elle cette prétention de l’Homme que sa seule et petite perspective de Dieu représenterait la totalité du divin, quand il ne peut voir à la fois ce qui est devant, derrière, en haut et en bas de lui-même ? Dans la contemplation de l’infinitude de Dieu, le sage n’est-il pas plutôt appelle à assumer que l’autre sage assis aux antipodes de sa position à en face de lui une toute autre facette de la même réalité ? Est-il vraiment impossible pour ces différentes interprétations de la réalité divine non seulement de coexister mais surtout de collaborer à l’instar des membres du corps qui, pris séparément ou additionnes les uns aux autres ne sont pas le corps, et donc ne constituent le corps que lorsqu’ils sont lies les uns aux autres ?
A ce point, il apparait évident que ce que nous savons de Dieu est tout simplement ce qu’il a juge bon de nous révélé et qu’il est tout, excepté les noms que nous lui attribuons. Pourquoi donc s’acharner à minimiser, à rejeter ou pire, à détruire l’expérience ou la connaissance des autres du même Dieu ? Visiblement il n’y aucun point à cela. Et pourtant, force est de reconnaitre que notre connaissance de Dieu est très souvent vécue ou perçue en opposition à celle des autres. Une telle conception du divin n’est pas de Dieu, peu importe votre religion. Le drame, c’est que ce sont les religions dites révélées qui en portent le flambeau. Ces religions – Judaïsme, Christianisme et Islam – ont non seulement construit l’un sur l’autre mais ont mis un point d’honneur à se différencier des autres. Cette attitude n’est pas de Dieu. Elle est une entreprise humaine, une stratégie marketing pure et simple, laquelle est adoptée par les leaders de marche. Ce n’est donc pas étonnant qu’elles revendiquent toutes, l’exclusivité de la connaissance de Dieu et qu’elles ont commis les plus grandes atrocités que la création ait jamais connues au nom de ce même Dieu.
« Il n’y a de Dieu que Dieu » : Spiritualité Vs. Religion
Pour une bonne partie de l’humanité, la réalité suprême ne serait pas un esprit qui habite une personne unique mais l’esprit qui habite toute la création. Les Shamans de la forêt amazonienne boivent une potion magique – l’Ayahuasca – qui a la vertu de les plonger dans un monde surnaturelle. Leurs esprits se connectent à ceux des arbres et des animaux de la forêt, à ceux des rivières, des volcans,…en un mot à l’esprit de la Nature. A cet état d’esprit, ils peuvent entrer en contact avec leurs ancêtres, ils peuvent entrevoir le futur. Ces gens voient l’esprit de la Nature comme la suprême réalité, à l’ origine de leur existence et maitre de leur expérience terrestre. Ils sollicitent sa protection, lui demandent d’accompagner leurs armées quand elles sortent, etc. Ils lui attribuent leurs victoires et rejettent leurs défaites sur leur propre méconduite. Quand rien ne marche, ils disent que la Nature s’est fâchée contre eux et font des sacrifices pour supplier sa miséricorde. A quelques détails près, n’est-ce pas l’expérience de la spiritualité vécue par les Indiens d’Amériques, les Africains et les Aborigènes d’où qu’ils viennent ?
Ici, la réalité suprême et éternelle est perçue et comprise comme un tout plutôt comme une unité divine. Dieu est cet Esprit qui habite toute la création. La même idée peut être retrouvée dans la pensée Taoïste. En effet, Lao Tzu écrit au verset 25 du fameux Tao Te Ching: “There was something formless and perfect before the universe was born. It is serene. Empty. Unchanging. Infinite. Eternally present. It is the mother of the universe. For lack of a better name, I call it the Tao. It flows through all things, inside and outside, and returns to the origin of all things.”
Une telle conception du divin donne plutôt lieu à un système de croyances ou spiritualité, par opposition à la religion conçue dans la pensée occidentale. Les religions dite révélées n’ont d’ailleurs ménagé aucun effort à marginaliser ou dénigrer telles croyances. Elles sont taxées à tort de paganisme, d’animisme, de pratiques occultes, etc. Mais ce en quoi ces peuples croient les écoutent ou pas de la même manière que le Dieu dont se revendiquent les Juifs, Chrétiens et Musulmans.
Les Juifs invoquaient Yahve avant d’aller en guerre. Et quand ils triomphaient, c’était la main de Yahvé. Quand ils étaient battus, c’était leurs fautes et leur défaite donnait suite à un repentir communautaire. Se sont-ils jamais demande ce que ces peuples païens victorieux se retournaient accomplir dans leurs contrées ? Ils chantaient les louanges à leurs dieux en bronze ou en terre cuite pour leur avoir donne la victoire sur les Israelites. La même chose peut être dite des monarchies chrétiennes tout a long de l’histoire des montées et décadences des royaumes européens ou durant les Croisades. Les Musulmans n’y échappent pas. Ils attachent d’ailleurs le sort de la nation islamique – Jamia Islamia – à la faveur ou au mécontentement d’Allah. Quand Allah est à leurs cotes, la communauté islamique dominera le monde comme au temps du Prophète. Et par conséquent, la situation actuelle dans laquelle se trouvent les musulmans est due à leur méconduite. Lorsqu’ils changeront leurs comportements, Allah reviendra à leurs cotes et combattra avec eux.
Juifs, Chrétiens et Musulmans prient leurs Dieux pour les mêmes raisons que celles pour lesquelles les païens, animistes ou polythéistes prient les leurs. Ils le prient tous autant pour le louer que pour lui demander de faire tomber la pluie ou leur donner de bonnes récoltes. Et quand ce qu’ils ont demande se manifeste, ils sont non seulement reconnaissants mais leur confiance ou leur foi en ce dieu grandit.
La foi, peu importe ce en quoi vous croyez, parait donc être l’élément déterminant de la spiritualité, qu’il s’agisse de la foi en un Dieu unique – peu importe son nom – ou qu’il s’agisse de celle en un Esprit qui habite toute chose. Soyez votre propre dieu si cela vous convient, du moment où vous croyez en vous. Descartes, en s’exclamant, « Je pense donc Je Suis » n’a-t-il pas établit la relation entre Yahve et l’homme pensant ? Quand Moise, sur le mont Sinaï, demanda a Dieu comment les Israelites devaient se référer a lui, n’a-t-il pas répondu « Je Suis » ? Bien que l’idée de l’Homme crée a l’image du créateur ne soit pas étrangère a la théologie monothéiste, c’est uniquement dans la conception bouddhiste que l’Homme est érigé a l’état du divin en lui conférant le potentiel d’être un Buddha et ce, uniquement au prix de ses propres efforts.
En terminant, je voudrais revenir sur l’article de Bétéo D. NEBIE, paru dans l’Evénement et intitulé Un obstacle à la renaissance africaine : la spiritualité. Dans son article il requiert le retour des Africains à leur système de spiritualité d’antan comme prélude à leur essor économique ou à leur Renaissance à eux. J’ignore la foi a laquelle M. NEBIE souscrit actuellement et à quel point cette même foi à contribue à éclairer ou à former ses positions et quand bien même je partagerai son point de vue que la Renaissance africaine doive passer par un regain spirituel, je ne me départis cependant de celui qui ne voit cette renaissance qu’à travers le rejet des autres formes de spiritualité ou religions qualifiées d’étrangères. L’Homme est païen d’origine. Nul n’a été crée juif, chrétien ou musulman. Ces fois sont une « domestication » de la spiritualité innée, de cette conscience que la création doit son existence à une réalité suprême et intemporelle. Abraham, Isaac et Jacob ne sont pas nés Juifs. Ils ont accepte Yahvé et l’ont adopté comme leur Dieu. Autant pour les Européens d’aujourd’hui, descendants des Grecs, Romains, Gaulois, Vikings, Barbares d’antan, les Arabes, et les Asiatiques. L’Afrique peut renaitre dans le respect des religions ou des systèmes de croyances des autres parce que le plus important n’est pas tant notre religion que ce en quoi nous croyons : Dieu. Et il n’y a de Dieu que Dieu.